Miyamoto Musashi naquit en 1584 dans la province de Harima, à une époque où Toyotomi Hideyoshi poursuivait l’oeuvre de réunification entreprise par Oda Nobunaga. Son enfance se déroula en pleine période de l’âge de la guerre. A 13 ans, il livra son premier duel avec Arima Kihe, un excellent sabreur qu’il terrassa d’un coup de sabre en bois sur la tête. En 1600, il n’avait pas 17 ans lorsqu’il participa à la grande bataille de Sekigahara engageant plus de 200000 samouraï. Ce fut l’expérience des champs de bataille. Les troupes auxquelles appartenait Musashi furent balayées. Comme des milliers d’autres samouraï, Musashi devint rônin.
Commença alors une vie d’errance à travers les provinces pour approfondir la Voie du sabre. A l’instar de Yagyû Munenori, il rencontra le maître Zen Takuan dont il fut un temps l’élève. L’enseignement du Zen vint donner une dimension nouvelle à sa virtuosité et tint une rôle majeur dans la Voie de la tactique. A l’âge de 21 ans, il rencontra trois des représentants de la prestigieuse famille des Yoshioka (traditionnellement maître d’armes des shôgun Ashikaga). Une grande partie de sa vie se passa ainsi à parcourir le Japon, défiant les maîtres des plus grandes écoles d’armes. Avant l’âge de trente ans, Musashi avait livré la plupart des grands duels de sa vie, soit une soixantaine qu’il gagna tous à l’exception (controversée) d’un seul avec le maître de jô Gonnosuke Musô
Miyamoto Musashi fonda son propre ryû, le Nitô-ryû, sur le principe du combat à deux sabres. Grand maître de la Voie du sabre, il pratiqua aussi la peinture, la sculpture, la calligraphie, la cérémonie du thé, la poésie… Il devint un maître accompli dans toutes les Voies. A l’âge de 59 ans, en 1643, il se retira dans une grotte pour y écrire le Gorin no Sho (le “Traité des cinq roues”). Son duel avec Sasaki Kojirô fut à l’évidence une application des principes de la Voie de la tactique, ou art de l’avantage, que l’on retrouve dans ce traité.
L’un des derniers duels de Miyamoto Musashi, alors âgé de 29 ans, fut sa rencontre avec Sasaki Kojirô, un jeune samouraï de 18 ans d’une extrême virtuosité au sabre, peut-être l’une des plus fines lames de son époque. Ce duel fut à l’évidence une application des principes de la Voie de la tactique, ou Art de l’avantage, qu’il développa dans son “Traité des cinq roues”.
La rencontre devait avoir lieu sur l’Ile de Mukô-Jima. Miyamoto Musashi arriva délibérément en retard. Ayant fait la traversée en barque, il n’était armé que d’un bokken qu’il venait de tailler dans une rame. C’était avec cette arme extrêmement sommaire qu’il allait combattre le plus brillant samouraï du Japon.
Sur le rivage, face au soleil, Sasaki Kojirô était excédé d’avoir attendu tout ce temps. Impatient de se battre, il jeta son fourreau à la mer. Aussitôt, Miyamoto Musashi lui fit observer qu’il venait de perdre. Un homme qui se comportait ainsi ne pouvait l’emporter. Ce furent ses seules paroles mais elles atteignirent leur but en mettant hors de lui le jeune samouraï.
Musashi descendit alors de la barque, plongeant son bokken dans la mer afin d’en cacher la longueur. Sachant que Sasaki Kojirô utilisait lui-même un long sabre, il avait taillé son bokken à une longueur légèrement supérieure. Sasaki Kojirô se jeta alors sur lui. Son sabre atteignit le bandeau que portait Musashi et le coupa en deux.
Il y eut comme un flottement. Le bokken de Musashi venait de s’abattre sur la tête de Sasaki Kojirô, le tuant sur le coup. Musashi salua respectueusement les seigneurs ayant assisté au duel et remonta dans la barque, s’éloignant lentement comme il était venu.
Peu de samouraï sont aussi célèbres que Miyamoto Musashi , devenu quelques siècles plus tard un personnage quasiment légendaire. A son époque, sa renommée ne dépassait pourtant pas le milieu guerrier ; Il était l’un de ces maîtres de la Voie du sabre plus attaché à en pénétrer les secrets qu’à en recevoir les honneurs.
Il fonda son propre ryû, le Nitô-ryû, sur le principe du combat à deux sabres. Grand maître de la Voie du sabre, il pratiqua aussi la peinture, la sculpture, la calligraphie, la cérémonie du thé, la poésie…
Il devint un maître accompli dans toutes les Voies.
Agé de 59 ans, se retira dans une grotte pour y écrire le Gorin-no-Sho (le “Traité des cinq roues”), testament spirituel d’une rare profondeur sur la Voie du sabre.
Le Gorin no Sho ou “Traité des cinq roues” (“Traité des cinq cercles”, “Traité des cinq anneaux” selon les traductions) est la synthèse des préceptes de Miyamoto Musashi. Il se compose de cinq parties aux noms des cinq éléments fondamentaux : Terre, Eau, Feu, Vent, Vide. Chacune d’entre elles est rédigée sur un rouleau (ou cercle,anneau), de là peut-être l’une des significations de ce titre enigmatique. Il fut également choisi en référence à la “roue”, symbole de la prédication bouddhique.
Cinq parties, comme les cinq étages de certaines petites pagodes en pierre nommées gorintô (go : cinq; rin : roue, cercle;tô : pagode) qui ornent les jardins des temples.
Ces pagodes à cinq cercles sont constituées à la base d’un cube (la terre) ; d’une sphère (l’eau) ; d’une pyramide (le feu ) ; d’un croissant (l’air) et d’une flamme ou d’une sphère effilée (le vide) .